Kaizen : la montée de l'Everest par Inoxtag

Pour ceux qui seraient passés à côté du buzz : Inoxtag est un jeune youtubeur (24 ans) qui ne connaissait strictement rien à la montagne, et qui, en mars 2023 a annoncé sur sa chaîne "dans moins d'un an je ferai l'Everest". Il s'est entraîné pendant 1 an, puis a quitté les réseaux sociaux (le temps de son ascension) et voilà, vendredi dernier il a sorti (au cinéma) son documentaire de plus de 2h sur son aventure sur l'Everest.
Documentaire vu par des millions de spectateurs.

Il fait polémique pour pleins de raisons, du coup, moi qui ne connaissais pas ce type, je pensais que c'était un petit con d'influenceur, égocentré et prétentieux, qui faisait son caprice de riche pour faire le buzz et montrer comme il est génial.
Et puis une copine m'a dit "regarde ses vidéos". Alors j'ai commencé.

Pour être capable de faire l'Everest, il s'est entraîné de ouf. Muscu, cardio, etc, beaucoup de sport. Mais bien sûr, acclimatation à la montagne, et là ça m’intéresse !

Il a par exemple fait le Mont Blanc. On peut voir sa vidéo là



Il découvre la montagne. Le fait qu'il neige à l'Aiguille du midi, en plein été, alors qu'il fait beau et chaud en bas à Chamonix, les crampons, les refuges, la soupe dans les refuges, , etc, et surtout la récompense du sommet alors que tu es allé au bout de tes limites pendant l'ascension.
Juste quand il a fini ce Mont Blanc, son équipe l'entraine faire le Cervin. Sur la vidéo il y a donc aussi cette ascension.
Là ce n'est pas de la gnognotte. Je ne dis pas que le Mont Blanc c'est de la gnognotte, mais bon c'est une longue longue longue marche sur les glaciers, sans autre difficultés. Le Cervin, c'est de l'escalade tout le long. Pas trop dur, c'est côté 3, mais quand même.

Puis un peu plus tard, un copain l'entraîne sur le GR20, le GR qui traverse la Corse. Ce sentier de grande randonnée se fait en général en 16 étapes. Donc 16 jours. Les 2 copains se lancent le défi de le faire en ... 5 jours !!! Histoire de tester son physique, et son mental ("je suis vidé, mais j'avance quand même").
La vidéo est là :



Eh bien résultat de ces visions : j'ai beaucoup aimé le personnage ! Il y a aussi de superbes images, des moments intenses de dépassement de soi, des moments de plaisir pur, etc.
Et puis ça m'a rappelé des tas de supers souvenirs. Même si je n'ai pas fait le Mont Blanc par la voie des 3 monts comme lui, mais par la voie normale. Même si je n'ai pas fait le Cervin, mais me suis arrêtée à son pied, au refuge du Hörnli et suis montée voir la gueule de la première cheminée. Même si j'ai fait la partie nord du GR20 en 8 jours, comme tout le monde (ou presque !). J'ai vécu cette même fatigue, cette même récompense, ces mêmes questionnements ("mais pourquoi je m'inflige ça ?"), aller au bout de mes limites, les pousser le plus loin possible, mais ne pas aller jusqu'à me mettre en danger, etc

Maintenant il me reste à regarder son ascension de l'Everest.



Christophe, toi qui es passionné par l'Everest, tu l'as vu j'imagine ? T'en as pensé quoi ?

Le Cervin, mon père avait réussi à le franchir lors de sa seconde tentative, pour fuit Mussolini et son régime à la fin des années 20, au tout début des années 30. Il faudrait que je me replonge dans ses papiers pour être certaine de la date... J'ai 1929 en tête mais je peux me tromper.
Je l'ai toujours entendu dire que cela avait été très éprouvant comme ascension...

Grimper le Cervin pour fuir Mussolini ? Je ne comprends pas. Tu nous racontes ?

Mon père, lorsqu'il était jeune, avait des tendances facilement iconoclastes, un petit côté anarchiste, dirons-nous.
Il était né dans un petit village du Véneto. Il a fait son service militaire alors que Mussolini était déjà bien installé au pouvoir.
Le chef du conseil italien est venu visiter sa caserne, je ne sais plus à quelle occasion, et a fait un grand discours.
Mon père, en l'entendant, et en constatant l'attention quasi religieuse des autres soldats a pris peur. Alors qu'auparavant il avait l'intention de rempiler de de devenir armurier de carrière, il a commencé à fuir le pays dès qu'il a été démobilisé. Il lui a fallu plusieurs mois, en travaillant un peu, en partant plus loin, en travaillant à nouveau etc... pour parvenir au pied des Alpes. Il est resté encore plusieurs mois à travailler dans les vallées en faisant des escalades le dimanche pour s'entraîner.
Et, un beau jour il est parti. Arrivé en Suisse, on lui a demandé s'il voulait repartir en Italie ou aller en France, qu'il n'était pas question qu'il reste en Suisse... Il a évidemment choisi la France où il a eu droit à des papiers temporaires.
Il a d'abord travaillé chez un fabriquant de pâtes (qui se souvient des pâtes Capitan ?). Le patron allait souvent en Italie pour y acheter des machines pour ses fabrications. Il a réussi à obtenir des papiers pour mon père et ensuite sa situation a été régularisée.